Pommier Gérard

Extrait de “Dictionnaire de neuropsychanalyse" de Serafino Malaguarnera, 12 octobre 2016, pp. 355-356.

Gérard Pommier (1941 – ) est un psychiatre et psychanalyste français. Ancien interne des hôpitaux psychiatriques et ancien médecin-chef adjoint à Étampes, Gérard Pommier est maître de conférences à l’université de Nantes. Il dirige la revue La Clinique Lacanienne et il est membre de l’association Espace Analytique. Il est cofondateur de la Fondation Européenne pour La Psychanalyse avec Claude Dumezil, Charles Melman et Moustafa Safouan. Il est également membre du comité de lecture de la revue Cliniques méditerranéennes. -------------------------------------------------

Gérard Pommier (2004) développe plusieurs arguments à faveur de l’idée que les neurosciences confirment les apports théoriques depuis longtemps avancés par la psychanalyse et défend l’idée de l’importance d’une lecture psychanalytique du fonctionnement cérébral. De plus, selon lui, plusieurs résultats issus des recherches en neurosciences nécessitent l’apport de la psychanalyse pour acquérir une explication satisfaisante.
Les thèmes apportés par les neurosciences qui confirment, selon Gérard Pommier, les thèses psychanalytiques sont les suivants :

du côté de la biologie, il y a les recherches dans le domaine de la génétique qui soulignent la différence entre le codage (génétique, réplication fermée) et la programmation (épigenèse, donc influence de l’environnement humain) (1). Ces recherches montrent décidément l’importance de la culture sur l’évolution humaine. Gérard Pommier propose alors de ramener l’accroissement de la masse nerveuse à l’augmentation d’échange des informations des émotions individuelles au sein d’un clan, plutôt que supposer l’inverse. L’augmentation du volume cérébral déformant la boîte crânienne pour le contenir ne serait donc pas la cause de la diversification et complexification des rapports humains au sein d’un groupe. Ainsi, il souligne l’importance de l’action que le corps psychique exerce sur le corps physique et du pouvoir du mental sur le corps. Le phénomène d’attrition ou élagage synaptique montre également l’importance de l’environnement, et plus précisément de la parole adressée à l’enfant, sur le développement du langage (2) ;
pour la psychanalyse, le corps est psychique parce qu’il serait investi par les motions pulsionnelles, et c’est en fonction de cet investissement que les sensations deviendraient conscientes. Les avancées des neurosciences montrent également que le corps est psychique lorsqu’elles décrivent la présence d’un recouvrement des aires sensori-motrices par une aire psychique. Par exemple, le cortex visuel s’active quand une scène est rappelée à la conscience, ou si on se représente une action les aires motrices associées à celle-ci s’activent. Ce recouvrement est mis en avant aussi par certaines problématiques, telles que le membre fantôme ou l’héminégligence ;
le problème de la localisation de la conscience sur lequel butent les neurosciences trouverait une satisfaisante explication grâce au concept d’inconscient issu de la psychanalyse, car pour celle-ci le conscient et l’inconscient sont liés entre eux, ce qui expliquerait la difficulté de les localiser ;
les études sur la latéralisation montrent une spécificité du cerveau droit et du cerveau gauche. Gérard Pommier propose une correspondance entre les aires corticales droites et le lieu de l'activité pulsionnelle, et les aires corticales gauches seraient le lieu et le lieu des opérations du langage (3) ;
les neurosciences montrent que le cerveau ne fonctionne pas comme un ordinateur.

À côté de ces résultats intéressants, Gérard Pommier souligne cependant les dérives présentes dans le domaine des neurosciences. Concrètement, certains auteurs neuroscientifiques prennent les résultats obtenus dans leur domaine à faveur d’une description de l’être humain qui se trouve sans incertitude, sans désir et qui n’est pas sous l’emprise de la sexualité et du langage.
Bien que l’ouvrage soit parsemé par de nombreux travaux neuroscientifiques, les chercheurs de ce domaine pourraient se montrer très réticents lorsque Gérard Pommier réinterprète des données des neurosciences à la lumière des concepts psychanalytiques. La transposition d’un domaine à l’autre est proposée d’une manière ambigüe, car, à moment, il emploie de mêmes termes issus de deux domaines différents sans préciser la signification que chaque domaine y attribue (Bazan, 2009).
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1. Voir : Génétique
2. Voir : Élagage synaptique
3. Voir : Latéralisation hémisphérique

Bibliographie :
Pommier G. (2004), Comment les neurosciences démontrent la psychanalyse, Flammarion, 2010.
Bazan A. (2009), Des fantômes dans la voix : une hypothèse neuropsychanalytique sur la structure de l’inconscient, Thèse de doctorat en psychologie.

Compléments :
Corps calleux, Dopamine, Graphe du désir, Langage, Membre fantôme, Narcissisme, Plaisir, Ramachandran Vilayanur S., Stade du miroir, Sujet

Pommier Gérard

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