Plus-de-jouir

Le terme « plus-de-jouir » est un néologisme proposé par Lacan qui constitue un des modes de présentation de l’objet a. Ce néologisme est construit à partir du terme « plus-value » de Marx.
Selon Lacan, l’accès à l’ordre symbolique auquel se soumet tout être humain pour devenir un sujet se paie par une renonciation à une certaine jouissance, celle interdite par la loi contre l’inceste. Pour Lacan, l’objet petit a, l’objet pulsionnel n’est pas seulement l’objet perdu à jamais – comme il l’était pour Freud – mais il est aussi ce qui compense cette perte. Grâce à ce résidu de cette soustraction le sujet peut obtenir un plus de jouissance que Lacan appelle un «plus-de-jouir ». Dans le séminaire d'un Autre à l'autr[1], Lacan développe l'étroite relation qu'il y a entre l'objet petit a et la plus-value de Marx. La plus-value est le travail non payé accompli par le travailleur pour le capitaliste, et c'est grâce à cette soustraction que le patron peut obtenir un profit. L'objet petit a, ainsi que la plus-value, se constituent à partir d'une originaire spoliation[2]. Cette étroite relation entre les deux termes permet de désigner la fonction de l’objet petit a par l’expression « plus-de-jouir ». La fonction du plus-de-jouir de l’objet petit a, de l’objet pulsionnel compense et vient en suppléance à la jouissance interdite par la loi fondamentale. (1)

1. S. Malaguarnera, L'anorexie face au miroir. Le déclin de la fonction paternelle, p. 115

[1]Lacan J. (1968-1969), Le Séminaire, Livre XVI, D’un Autre à l’autre, Paris, Le Seuil, 2006.

[2]Cf. Cosenza D., « Sintomo, struttura e discorso. Lacan versus Marx » in : D. Cosenza, M. Recalcati., Lacan e la filosofia, Milano, Arcipelago, 1992, p. 99-127.