Serafino Malaguarnera - Psychologue, Psychanalyste, Psychothérapeute à Bruxelles

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Plasticité neuronale



Extrait de “
Dictionnaire de neuropsychanalyse" de Serafino Malaguarnera, 12 octobre 2016, pp. 352-354.

Anglais : Neuroplasticity

La plasticité neuronale (neuroplasticité ou plasticité cérébrale) est une propriété du système nerveux central qui désigne la capacité des connexions synaptiques à se modifier et se remodeler en fonction des expériences vécues. L’hypothèse de la présence de la plasticité a été formulée bien avant que les résultats expérimentaux viennent la confirmer. William James est le premier à proposer l’idée de plasticité qui a été méconnue pendant près de cinquante ans. Santiago Ràmon y Cajal (1) apporte une contribution décisive à la théorie neuronale en mettant en évidence que les neurones sont des entités cellulaires séparées par de fins espaces et qu’ils ne sont donc pas des fibres d’un réseau ininterrompu comme le décrivait la théorie réticulaire, soutenue par Golgi. Santiago Ràmon y Cajal propose une théorie de la plasticité neuronale (2) qui commence à être utilisée et qui soutient l’idée que l’apprentissage faciliterait l’expansion et la croissance des parties de la cellule qui connectent les neurones entre eux.                                                                                                         
Cette théorie a été revisitée à plusieurs reprises, notamment par le neuropsychologue canadien Donald Hebb dans les années quarante. Il propose une hypothèse — connue comme la loi ou la règle de Hebb — qui est considérée à la base de la plasticité neuronale. Selon la loi de Hebb, l’envoi répété d’un message d’un neurone à un autre rend celui-ci plus sensible aux messages du premier. En d’autres termes, l’activation de deux neurones en même temps d’une manière répétée augmente l’efficacité de leur synapse. L’apprentissage correspondrait, d’un point de vue neurologique, à une modification de l’efficacité synaptique.                                                                       
En 1969, Geoffrey Raisman établit d’une manière définitive la théorie de la plasticité en démontrant que le cerveau recrée de nouvelles synapses après une lésion expérimentale de l’hippocampe.                                             
Contrairement aux conceptions qui prévalaient jusqu’à la fin du 20e siècle, la plasticité neuronale est une propriété permanente qui implique une modification du cerveau, tout au long de la vie, par les expériences affectives, psychiques, cognitives vécues. Cette propriété intervient également dans des processus pathologiques suites à des lésions. La plasticité neuronale réalise alors une réorganisation des interactions neuronales pour mieux préserver les capacités fonctionnelles reliées au processus pathologique. La neuroplasticité regroupe deux processus : le premier se réfère à la multiplication des connexions, l’autre à la suppression de connexions inefficaces ou inutilisées. Ainsi, au fil du temps, de nombreuses synapses se créent et se modifient, et d’autres disparaissent définitivement.                                                                                                                                                                               -----------------------------------------------------                                         

François Ansermet et Pierre Magistretti (2004) soutiennent l’idée que la notion de plasticité neuronale est une notion princeps pour établir un dialogue et un pont entre les neurosciences et la psychanalyse, deux domaines qui sont restés opposés pendant des décennies. Bien que ce soient deux disciplines hétérogènes et incommensurables, elles sont toutes les deux concernées au sujet de l’interrogation freudienne sur la trace et son destin, car elle est également prise en compte par la neurobiologie à travers la notion de plasticité. Ainsi, comme le proposait Freud, l’expérience laisse une trace, et maintenant avec cette notion neurobiologique, on peut ajouter qu’elle laisse une trace matérielle, organique. Cette notion de plasticité représente un point d’intersection entre les neurosciences et la psychanalyse, deux domaines hétérogènes, car elle affecte l’un comme l’autre. De cette manière, on évite un rapprochement entre les neurosciences et la psychanalyse en termes de superposition ou réunion qui mettrait en danger les caractéristiques de chacun. D’une manière plus détaillée, la plasticité neuronale introduit les nouveautés et conséquences suivantes :
  • elle introduit une nouvelle vision du cerveau. Celui-ci ne peut plus être considéré comme un organe figé et définitivement établi à la fin de la période du développement précoce. À présent, il doit plutôt être considéré comme un organe dynamique qui renferme en soi la capacité de modifier l’efficacité des synapses entre les neurones et la structure des réseaux neuronaux par l’expérience, et par l’interaction entre l’individu et son environnement ;
  • cette propriété du cerveau montre les limites d’une conception du développement et fonctionnement du cerveau uniquement sur la base de la génétique. La plasticité neuronale réduit le rôle du déterminisme biologique de la génétique sur l’être humain et met plutôt en évidence un cerveau conçu pour se libérer de certains déterminants biologiques et s’ouvrir à la diversité en rendant chaque individu unique et imprédictible ;
  • la notion de plasticité comporte la prise en compte du sujet étudié par la psychanalyse dans le domaine des neurosciences. Effectivement,  si la plasticité implique la diversité et l’unique, et donc la singularité, la psychanalyse retrouve dans le domaine des neurosciences un de ses thèmes de recherches princeps, notamment le sujet ;
  • elle remet en question l’opposition entre une étiologie organique et une étiologie psychique, car la plasticité introduit une causalité psychique qui modifie l’organique ;
  • elle propose un modèle différent sur la question de l’épigenèse (3);
  • elle introduit un nouveau paradigme au sens de Kuhn.
________________
                                                                                                                                                                                     
1. Santiago Ràmon y Cajal est un histologiste neuroscientifique espagnol et prix Nobel de médecine en 1906.                                                                                                                          
2. « Les connexions nerveuses ne sont donc pas définitives et immuables, puisqu’il se crée pour ainsi dire des associations d’essai destinées à subsister ou à se détruire suivant des circonstances indéterminées, fait qui démontre, entre parenthèses, la grande mobilité initiale des expansions du neurone ». Ràmon y Cajal S., Histologie du système nerveux de l’homme et des vertébrés, PUF, 1909-1911.                                                               
3. Voir : Épigénétique.         
                                       
Bibliographie :                                                                                                                                                       
Ansermet F., Magistretti P. (2004), À chacun son cerveau. Plasticité neuronale et inconscient, Odile Jacob.
Hebb D.O. (1949), The organization of behavior, New York, Wiley.
James W. (1890), The principles of psychology, New York, Holt.
Raisman  G. (1969), Neuronal plasticity in the septal nuclei of the adult rat, Brain Res, 14: 25-48.
                                                                                                                                    
Compléments :                                                                                                                                                           
Ansermet François, Magistretti Pierre 
 

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