
Allemand : Narzissmus — Anglais : Narcissism.
Dans les premières lignes de Pour introduire le narcissisme (1914), Freud dit avoir emprunté le terme à P. Näcke (1899) qui l’utilise pour décrire une perversion. Dans une note ajoutée en 1920 aux Trois essais sur la théorie de la sexualité, il corrige cette référence et il dit que ce serait H. Ellis le créateur du terme. En 1898, H. Ellis utilise le mythe de Narcisse à propos des femmes captées par leur image dans le miroir. Mais c’est P. Näcke qui introduit pour la première fois le terme de narcissisme dans le champ de la psychiatrie. Ce terme désigne un état d’amour pour soi-même constituant une nouvelle catégorie de perversion.
Le terme de narcissisme apparaît pour la première fois chez Freud en 1910 pour rendre compte du choix d’objet chez les homosexuels. Dans le Cas Schreber (1911), il désigne un stade de l’évolution sexuelle intermédiaire entre l’auto-érotisme et l’amour d’objet. Freud (1914) distingue deux narcissismes : primaire et secondaire. L’auto-érotisme est la première modalité de satisfaction de la libido. Dans l’auto-érotisme, les pulsions partielles cherchent leur satisfaction sur le corps propre. Pour Freud, ce type de satisfaction caractérise le narcissisme primaire. Le Moi comme tel n’est pas encore constitué. Le narcissisme secondaire correspond à la formation du Moi. Dans un premier temps, les pulsions sexuelles partielles investissent un objet extérieur. Dans un deuxième temps, ces investissements retournent sur le Moi et la libido prend alors le Moi comme objet. Le narcissisme secondaire indique donc un retournement de l’investissement des objets en investissement du Moi.
Selon Gérard Pommier (2004), le lobe préfrontal ayant un rôle intégrateur des fonctions serait la traduction de la fonction d’intégration psychique du narcissisme dans l’organique, notamment la subjectivation du Moi réflexif.
La notion de narcissisme primaire avec sa dimension anobjectale trouve un éclairage dans les neurosciences cognitives qui étudient les outils cognitifs du bébé concernant le domaine de la discrimination et de la catégorisation perceptive et celui de l’interaction et de la relation avec autrui. Ces études montrent que la dimension anobjectale du narcissisme primaire serait une construction subjective plutôt qu’un effet de l’immaturité du bébé (Di Rocco, 2009).
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Bibliographie :
Di Rocco V. (2009), Les neurosciences cognitives : une chance pour la psychanalyse, Evol psychiatr, 2009, 74 (3).
Freud S. (1911), Remarques psychanalytiques sur l’autobiographie d’un cas de paranoïa (Dementia paranoïde) (Le Président Schreber), trad. M. Bonaparte et R. Loewenstein, in : Cinq psychanalyses, PUF, 1954. Freud S. (1914), Pour introduire le narcissisme, in : La vie sexuelle, PUF, 1969.
Pommier G. (2004), Comment les neurosciences démontrent la psychanalyse, Flammarion, 2010.
Compléments :
Pommier Gérard