Serafino Malaguarnera - Psychologue, Psychanalyste, Psychothérapeute à Bruxelles

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Conscience

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Extrait de “
Dictionnaire de neuropsychanalyse" de Serafino Malaguarnera, 12 octobre 2016, pp. 99-102.

Allemand : Bewusstheit – Anglais : The attribute (ou the fact) of being conscious, being conscious.                                                                                     
Allemand : Bewusstein — Anglais : Consciousness.
                                                                                                                                                            
En psychologie cognitive, on distingue généralement trois types de conscience. L’état de conscience est la conscience qui caractérise le degré de vigilance d’un sujet, qui peut aller d’un état d’éveil aux différents stades du sommeil. La conscience perceptive est celle associée à une expérience à un moment donné. La conscience réflexive est la conscience de soi, des propres expériences présentes et passées, etc.                                                                                    
Jusque vers la fin des années septante, il y avait en psychologie cognitive une hypothèse tacite qui posait une identité entre la cognition consciente et la cognition en générale. En 1983, le premier psychologue à remettre en cause cette hypothèse est Anthony Marcel. Il lui revient la première tentative de démonstration d’un accès inconscient à la dimension des mots écrits. Depuis, les processus non conscients ont été de plus en plus soumis aux recherches. Les résultats de ces recherches ont amené les psychologues cognitives à ne plus assimiler la conscience à la cognition et à soutenir l’idée qu’elle occupe une partie dérisoire de la vie psychique.    
                                                                                     ---------------------------------------------------                                                     
Selon Freud, la conscience est seulement une partie de la vie psychique et n’accède pas à certains phénomènes de la vie mentale, contrairement aux avis des philosophes pour qui la conscience est la faculté permettant de connaître ce qui se passe en soi. Bien que la conscience occupe une place marginale dans la pensée psychanalytique, Freud s’y est tout de même intéressé d’un point de vue théorique.                                                                                                                                         
Freud emploie souvent le terme conscient — employé comme adjectif ou substantif — comme synonyme de conscience, sauf quand il parle de la conscience morale (Gewissen). D’une manière générale, selon Freud, le conscient se réfère à une représentation qui se présente à notre conscience et dont nous nous avisons. Lionel Naccache soutient l’idée que ces deux aspects qui définissent le conscient — « La représentation qui est présente à notre conscience » et celle « dont nous nous avisons » — sont les mêmes qui définissent la « rapportabilité consciente » qu’il propose dans son ouvrage Le nouvel inconscient (2006). Selon Lionel Naccache, une représentation mentale consciente est une représentation qui se présente à notre esprit et qui obéit au critère de rapportabilité, c’est-à-dire que nous pouvons rapporter à l’aide du langage verbal ou non le contenu de cette représentation à soi ou à d’autres personnes.                                                                                                                                       
Dans l’Esquisse d’une psychologie scientifique (1895), Freud définit la conscience comme la face subjective d’une partie des processus physiques qui se produisent dans le système ω, système perceptif qui se sera nommé système Perception-Conscience (Pc-Cs) à partir des travaux métapsychologiques de 1915. Il introduit ce système pour rendre compte de phénomènes psychiques qui obéissent surtout à la tendance première de l’organisme, notamment les phénomènes de conscience, de satisfaction et d’éconduction. Dans ce système ω, dont les principes de fonctionnement sont quantitatifs, la conscience est un organe sensoriel concernant la perception du monde extérieur et du monde intérieur qui donne des qualités et des sensations très variées de différences qui ne contiennent aucun aspect quantitatif. Concernant le monde intérieur, la conscience perçoit sous forme de qualités de déplaisir-plaisir les états de tension pulsionnelle et les décharges d’excitation. Une qualité d’une perception devient consciente si la quantité d’excitation qui l’accompagne dépasse un certain seuil d’intensité, dans le cas contraire elle reste subliminale. Si la quantité est excessive, la conscience donne une sensation de déplaisir, voire de douleur. Ce que nous ressentons consciemment comme tonalité affective se situe entre ces deux extrêmes : indifférence et souffrance. La conscience perçoit également les représentations, qui se réfèrent aussi bien aux souvenirs qu’au raisonnement. Cependant, la perception des processus de pensées se fait sur le mode d’une régulation plus fine que celle qui est fournie par la perception de qualités de déplaisir-plaisir. C’est l’attention, la fonction psychique qui permet aux représentations de devenir conscients, qui fournit cette régulation plus fine grâce aux surinvestissements d’une perception. Cette énergie est mobilisée lorsque survient un indice de réalité qui indique donc que quelque chose vient à la conscience.                                                                                                         
Ce système Perception-Conscience (Pc-Cs) reçoit les perceptions et excitations, mais il n’en garde pas de traces durables, ce qui est du ressort des systèmes mnésiques. Ainsi, le système peut recevoir de nouvelles perceptions à tout moment, ce que Freud illustrera en 1925 avec l’exemple de l’ardoise magique. Dans Au-delà du principe de plaisir (1920), Freud reprend cette idée en disant que la conscience apparaît à la place de la trace mnésique. En d’autres termes, la prise de conscience et le processus d’effacement de la modification que la prise de conscience provoque sont à concevoir dans une simultanéité.                                                                                            ------------------------------------------------                                                               
La conscience a été au départ localisée dans le cortex cérébral. Ensuite, l’état de conscience a été localisé dans un complexe de noyaux cérébraux, englobant la formation réticulée, appelée Système réticulaire activateur ascendant (SRAA). Antonio Damasio (1999) montre que la conscience a une origine biologique et s’enracine dans le corps. Il propose une construction des différents niveaux de conscience sur la base de cartographies et réseaux de neurones superposés : le Proto-soi, la conscience-noyau, la conscience étendue et le Soi autobiographique (Damasio, 1999). Le Proto-soi est l’état de conscience provenant de l’état des lieux des viscères, des muscles, de la température corporelle et de la composition chimique du sang qui se constituent sous forme de cartes corporelles internes. Lorsqu’il traite le Proto-soi, Damasio propose une possible description neurophysiologique des topiques freudiennes (3). Lorsque l’organisme est en interaction avec un objet réel ou virtuel, créé par la conscience, les cartes neuronales du Proto-soi se modifient et produisent des cartes neuronales de deuxième ordre qui impliquent plusieurs structures cérébrales, comme le thalamus, le cortex cingulaire et les zones des cortex préfrontaux.  De cette interaction naît la conscience-noyau. Les nouvelles expériences perçues par la conscience-noyau dans l’immédiat sont ensuite mémorisées dans les centres d’intégration supérieure donnant lieu à la naissance de la conscience étendue qui crée le passé et le futur, et constitue le fondement du Soi autobiographique. La conscience étendue relie la conscience-noyau aux expériences mémorisées, aux projets et aux états présents du corps. Ainsi, la caractéristique de la conscience-noyau est la prise de conscience dans l’immédiat alors que la conscience étendue introduit une prise de conscience d’une identité située dans l’axe du temps. La conscience du Soi autobiographique est celle qui procède aux traitements d’informations plus élaborés comme la reconnaissance des objets, le rappel des souvenirs, le raisonnement et la prise de décision. Mark Solms et Oliver Turnbull (2002) proposent un rapprochement entre certaines notions de Damasio et des concepts psychanalytiques. Plus précisément, la perception de l’état du Ça correspondrait à l’état de conscience du noyau du Soi, et le Moi serait assimilable à la conscience étendue ou au Soi autobiographique. Plus généralement, Mark Solms souligne les frappantes concordances entre les idées de Freud sur la nature de la conscience et les conceptions des neurosciences sur la conscience (Damasio, 1999 ; Crick et Koch, 2000).                                                          
La conscience ne se réduit donc pas au contenu de la conscience à travers la perception du monde extérieur ou à l’état de conscience qui nous informe sur l’état du milieu interne de notre corps. La conscience serait plutôt une fonction continue qui relie le monde interne du monde extérieur, du monde objectal à travers des oscillations rythmiques qui génèrent des unités de consciences permettant ce couplage.  Mark Solms et Oliver Turnbull soutiennent l’idée que ce couplage qui caractérise la conscience-noyau résoudrait le problème du liage perceptif (binding problem) et celui de l’homoncule (Solms et Turnbull, 2002).                                                                    
                                                                                        ----------------------------------
L’hypothèse formulée par Howard Shevrin concernant la fonction de la conscience dans l’appareil psychique se rapproche à la conception de Freud (Shevrin, 1998). En 1998, Howard Shevrin propose l’hypothèse selon laquelle la conscience serait ce qui permet de repérer l’origine des contenus mentaux (souvenir, pensée, fantaisie ou perception) en posant une « étiquette » ou un « tag » de provenance aux contenus mentaux quant à leur source — externe ou interne — : perceptions, souvenirs, imaginations, réflexions, etc.  Ce tag serait alors fort proche à l’indice de réalité de Freud.                            ________________

Bibliographie :                                                                                                                                     
Crick F., Koch K. (2000), The unconscious homunculus, Neuro-Psychoanalysis, 2 : 3-11. Damasio A. R. (1999), Le Sentiment même de soi : corps, émotions, conscience, Odile Jacob, 1999.                                                                                                                                                              
Freud S. (1895), Esquisse d’une psychologie scientifique, in : La naissance de la psychanalyse, PUF, 1956.     Freud S. (1920), Au-delà du principe de plaisir, in : Essais de psychanalyse, Payot, 1988.                                                                                                                                          
Freud S. (1912), Note sur l’inconscient en psychanalyse, trad. coll. in : Œuvres complètes, Œuvres complètes XI, Paris, Presses Universitaires de France, 2009.                                           
Laplanche J., Pontalis J.-B. (1967), Vocabulaire de la psychanalyse,  PUF.                              
Chemama R., Vandermersh B. (2009), Dictionnaire de la psychanalyse, Larousse.          
Marcel, A.J. (1983), Conscious and Unconscious Perception: An Approach to the Relations between Phenomenal Experience and Perceptual Processes, Cognitive Psychology, 15, 238–300.                                                                                                                             
Naccache L. (2006), Le nouvel inconscient : Freud, le Christophe Colomb des neurosciences, Odile Jacob.                                                                                                                                         
Roudinesco E., Plon M. (1997), Dictionnaire de la psychanalyse, Fayard, 2006.      Shevrin H. (1998), Why do we need to be conscious? A psychoanalytic answer, in : Advanced Personality, dir. D.F. Barone, M. Hersen et V.B. Van Hasselt, New York, Plenum Press.                                                                                                                                                                           
Solms M., Turnbull O. (2002), Le cerveau et le monde interne, PUF, 2015.                                                                                                
Compléments :                                                                                                                                                      
Attention, Binding problem, Damasio Antonio, Esquisse d’une psychologie scientifique, Indice de réalité, Naccache Lionel
 


 

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