Après-coup

Extrait de “Dictionnaire de neuropsychanalyse" de Serafino Malaguarnera, 12 octobre 2016, pp. 43-44.

Allemand : Nachträglichkeit   – Anglais : Deffered action.  
                                                                 
Le concept d’après-coup — Nachträglichkeit — désigne le processus psychique qui comporte l’attribution d’une certaine signification à une trace mnésique qu’elle n’avait pas au moment où elle s’est constituée. Une même trace mnésique peut être remaniée à chaque étape successive de développement (1) et soumise à une nouvelle transcription que Freud spécifiait de traduction  parce que la trace mnésique est inscrite, lors de ce processus de remaniement, dans un autre idiome.                                                                                                        -----------------------------------------------                                                                                                                                                                                                                                  
La notion psychanalytique d’après-coup implique l’idée d’une mémoire qui fonctionne sous le mode de retranscription, plutôt que l’idée d’une mémoire qui serait le reflet du monde extérieur et qui se constituerait par des inscriptions sous la forme de traces fixes.                                                                         
Le modèle de Gerald Edelman (1992) donne une explication à ce type de mémoire. Cet auteur décrit une conception de la mémoire et du fonctionnement cérébral qui s’oppose à la théorie de la localisation fonctionnelle selon laquelle les stimuli visuels, tactiles et auditifs stockés dans le cerveau sont une représentation plus ou moins fidèle du monde extérieur. Selon Gerald Edelman, la perception ne représente pas nécessairement une image exacte du milieu extérieur parce que ce que nous percevons ne résulte pas seulement d’une analyse des données, mais également d’une analyse qui s’appuie à la fois sur ce que nous avons vu et vécu dans le passé à la fois sur les besoins et désirs actuels. Dans le cerveau, il y aurait des centres de la perception et de la reconnaissance indépendants l’un de l’autre qui font partie intégrante du processus de mémorisation. Lors de la remémoration, nous ne faisons pas appel à des représentations immuables — à des inscriptions sous la forme de traces fixes —, mais à des reconstitutions qui sont un produit de l’imagination et de l’adaptation ou remaniement du passé en fonction du contexte émotionnel présent. Le souvenir serait alors une reconstruction unique produite dans l’après-coup. Grâce à cette nouvelle modélisation de la mémoire avancée par Gerald Edelman, qui nous présente la remémoration comme une reconstruction ou une retranscription du souvenir et non pas comme un simple rappel, certains auteurs (Modell, 1990 ; Golse, 2007) proposent des rapprochements entre la psychanalyse et ce modèle, étant compatibles avec la théorie freudienne de l’après-coup. Arnold Modell souligne la compatibilité entre la notion freudienne d’après-coup et les résultats obtenus dans le laboratoire de Gerald Edelman et les modèles des neurosciences cognitives qui en découlent.                                                        
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1. Voir : la lettre de Freud à Fliess du 6 décembre 1896.
 
Bibliographie :
Freud S. (1887-1902), La naissance de la psychanalyse, Lettres à Wilhelm Fliess, Notes et plans, P.U.F., 1956.
Bernard G. (2007), Y a-t-il une psychanalyse possible des bébés ?,  La psychiatrie de l’enfant 2/2007 (Vol. 50), p. 327-364.                                                                                                                                    
Edelman G. (1992), Biologie de la conscience, Paris, Odile Jacob, coll. « Sciences ».                            
Model A. (1990), Other Times, Other Realities, Cambridge (Mass.), Harvard University Press.
 
Compléments :
Edelman  Gerald Maurice, Mémoire. 

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